jeudi 8 septembre 2011

Post-libéralisme et socialisme: ne pas confondre !


Dépasser le libéralisme
sans pour autant justifier
un retour au socialisme.
Tel est le projet que s'assigne
l'humanisme post-libéral
de Laurent de Briey (1).
Histoire, précise l'auteur,
de ne pas déresponsabiliser
des personnes
par nature interdépendantes.
Et de ne pas tomber
sous la coupe
d'une main de fer de l'Etat...



Laurent de Briey


La spécificité du projet politique humaniste est de vouloir procéder à un dépassement du libéralisme, sans pour autant justifier un retour au socialisme.
Il y a en effet au fondement du socialisme, chez Marx tout particulièrement, un déterminisme socio-économique qui déresponsabilise les personnes –toute inégalité étant ultimement le fait de déterminants socio-économiques, les personnes ne sont pas responsables de leurs actes– et entre en opposition avec l’idéal humaniste.
Ce sont d’ailleurs des éléments de la doctrine socialiste avec lesquelles les socialistes modernes s’efforcent de prendre des distances et qui expliquent pourquoi, privilégiant l’idéal émancipateur présent également chez Marx, ils paraissent s’être convertis à une forme de libéralisme de gauche dont ils partagent dès lors l’individualisme moral.

L'Etat, c'est vous...

C’est, cependant, avant tout la conception du rôle de l’État qui distingue l’humanisme du socialisme.
L’humanisme ne croit pas plus à la main de fer de l’État qu’à la main invisible du marché.
Le politique peut susciter un changement de société, mais seuls les citoyens peuvent le réaliser.
L’État n’a pas le monopole de la responsabilité de la gestion collective –à l’heure de la mondialisation, il n’en a d’ailleurs plus les moyens.
L’État doit être un stratège promouvant des objectifs de long terme, un régulateur agissant sur l’environnement physique, économique..., au sein duquel se développent les initiatives privées, qu’il doit aussi soutenir.
Il doit enfin favoriser la coordination entre les acteurs individuels afin de rendre possible une action collective, notamment en fournissant des services et des biens publics afin, entre autres, de casser les situations d’oligopoles, voire de quasi-monopoles, privés auxquelles conduisent naturellement les mécanismes de marché.
L’État doit aussi soutenir les initiatives privées.

Ce rôle de soutien, d’accompagnement, doit apparaître de manière privilégiée au niveau de la sécurité sociale.
Le rôle du système social ne se restreint pas à fournir des revenus de substitution aux personnes exclues des sphères d’activités.
Un système social principalement assistantiel ne favorise pas l’émancipation des allocataires sociaux et méconnaît le lien indéfectible entre solidarité et responsabilité.
Sur ce point, l’humanisme s’avère bien plus proche du libéralisme de gauche que du socialisme.
Toutefois, c’est encore dans la manière dont il va comprendre la notion de responsabilité que sa spécificité va s’affirmer.

Interdépendance responsable

Pour l’humanisme, le fondement de la responsabilité est l’irréductible interdépendance entre les personnes: c’est parce que nous sommes des personnes interagissant continuellement que nous devons agir de manière responsable.

La solidarité n’est pas subordonnée à la responsabilité, elles naissent l’une et l’autre de notre appartenance à une même société et sont, à ce titre, inconditionnelles.
Placer le concept de responsabilité au centre du modèle social ne signifie pas, dès lors, conditionner la protection sociale à l’absence de possibilité d’imputer la cause d’une situation présente à des comportements passés, mais inciter chacun à agir en prenant conscience de l’incidence future de ses actes sur les autres.
La responsabilisation ne s’exprime pas par la menace ou la sanction, mais dans l’accompagnement et l’éducation. (2)

(A suivre)

Laurent de Briey

(1) Laurent de Briey a notamment écrit Le sens du politique (Mardaga, Wavre (Belgique), 2009). Il est directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS), proche de ce parti politique de Belgique francophone qu'est le Centre Démocrate Humaniste. Auquel, pour rappel, ni ce blog ni son initiateur ne sont liés de près ou de loin.
(2) Le contenu de ce message nous a été envoyé par son auteur, Laurent De Briey, que nous remercions. Il renvoie à un texte complet qui a déjà fait l'objet d'une première publication: Briey Laurent de, L'humanisme, un projet politique spécifique, in Politique-Revue de débats, numéro 66, septembre-octobre 2010, pp.71-74. Les titre, chapeau et inter-titres sont de la rédaction.

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