samedi 7 janvier 2012

Actu. Tous à la manip' ?

Contraindre
ou orienter

mon interlo-
cuteur,
c'est construire
la relation
sur le sol aride
de la méfiance.
Ce que rappellent un Max Pagès
ou un Carl Rogers.
Qui mettent au service d'objectifs facilitateurs
la personne digne de ce nom.
La personne authentique.
La personne de confiance...


Exit la passivité de l’indifférence?
Place à l’activité de l'engagement?
Oui, répond le psychothérapeute et chercheur en sciences humaines français Max Pagès (1), sur les traces de son inspirateur américain Carl Rogers (2).
Encore faut-il veiller à ce que cette action ne se fasse pas oppressive.
Et, pour ce faire, m’abstenir et de contraindre et d’orienter mon interlocuteur...

Autorité et manipulation, non merci!

Non à la méthode autoritaire, donc, qui cherche à imposer mes buts, valeurs et/ou méthodes.
Mais non, également, à la manipulation.
Qui évite, au contraire, d’exprimer le but que je poursuis.
Et qui cherche à sélectionner l’information pour mieux orienter le ou les individu(s) dans le sens que je désire.
«La manipulation peut être cynique ou de bonne foi, explique Pagès.
Elle peut aussi être consciente ou inconsciente. (…)
De toute façon, on ne pense pas que le sujet soit capable, par le jeu de son activité spontanée, de s’informer adéquatement sur lui-même (hypothèse d’une régulation spontanée). La régulation est introduite de l’extérieur par un agent qui est seul capable de déchiffrer pour le sujet les lois de son fonctionnement.» (3)

Personne de confiance

Vive l'action, donc.

Mais une action qui, loin de relever de l'obligation ou de la manipulation, se veut au contraire facilitatrice. (4)
Et qui correspond à ce que Rogers qualifie d'«attitude non directive».
Nous y reviendrons...


Christophe Engels (d'après Max Pagès) (5)(6)


La manipulation, concrètement...

Dans son livre
«Les manipulateurs sont parmi nous» (7), la thérapeute, conférencière et auteure française Isabelle Nazare-Aga propose trente critères qui doivent servir à démasquer un manipulateur.
Selon elle, un individu qui répondrait à au moins quatorze d'entre eux devrait être considéré comme tel.
1. Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l'amitié, de l'amour, de la conscience professionnelle.
2. Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes.
3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions.
4. Il répond très souvent de façon floue.
5. Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations.
6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
7. Il fait croire aux autres qu'ils doivent être parfaits, qu'ils ne doivent jamais changer d'avis, qu'ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions.
8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l'air, dévalorise et juge.
9. Il fait faire ses messages par autrui.
10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner.
11. Il sait se placer en victime pour qu'on le plaigne.
12. Il ignore les demandes même s'il dit s'en occuper.
13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins.
14. Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert.
15. Il change carrément de sujet au cours d'une conversation.
16. Il évite ou s'échappe de l'entretien, de la réunion.
17. Il mise sur l'ignorance des autres et fait croire en sa supériorité.
18. Il ment.
19. Il prêche le faux pour savoir le vrai.
20. Il est égocentrique.
21. Il peut être jaloux.
22. Il ne supporte pas la critique et nie les évidences.
23. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres.
24. Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui.
25. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé.
26. Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous.
27. Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté.
28. Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d'autrui.
29. Il nous fait faire des choses que nous n'aurions probablement pas fait de notre propre gré.
30. Il fait constamment l'objet des conversations, même lorsqu'il n'est pas là.


(1) Né en 1926, Max Pagès préconise une approche dialogique de l'être humain, c'est-à-dire l'association du biologique, du psychisme et du social.
(2)
Docteur en psychologie, professeur à l'université de Chicago et fondateur (en 1964) d'un Institut des Sciences du Comportement, Carl Rogers (1902-1987) a créé l'Approche Centrée sur la Personne. Il laisse une oeuvre et une pensée qui continuent à exercer une influence profonde sur tout le courant de la psychologie humaniste.
(3) Pagès Max, L’orientation non directive en psychologie et en psychologie sociale, Dunod, Paris, 1970, p.53.
(4) Voir, ci-dessous, le message du 29 décembre 2011:
«
Merry crisis and a happy new fear».
(5)
Pagès Max, ibid.
(6) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à l’Approche Centrée sur la Personne (par ou d'après Carl Rogers, Max Pagès, Jean-Marc Priels, André Peretti...),
. à l'empathie (avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest,...)....
(7)
Nazare-Aga Isabelle, Les manipulateurs sont parmi nous, éditions de l'Homme, Montréal/Paris, 1997/2004.

1 commentaire:

  1. Ambiances Quotidiennes janvier 2012

    Mesdames, Messieurs,

    En vous souhaitant un excellent 2012, le CeaQ (Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien) vous invite à la prochaine rencontre du cycle "Ambiances Quotidiennes" avec le professeur Theophilos RIFIOTIS de l'Université Federal de Santa Catarina (Brésil) sur le thème Violence: un mot singulier et pluriel.

    Jeudi 12 janvier à 17h30 à la salle des thèses en Sorbonne, 1 rue Victor Cousin, 75005 Paris galerie Claude Bernard, escalier P, 1er étage.
    Très cordialement,

    Le CeaQ

    RépondreSupprimer