lundi 29 avril 2013

Indignés. Images à l'appui...



c'est aussi un manifeste en images.
De Tony Gatlif.
Avec l'incontournable 
Stéphane Hessel.

Connu depuis longtemps pour son engagement en faveur des gitans, le réalisateur Tony Gatlif s'est, cette fois, tourné vers un autre univers.
Un univers qui n'en reste pas moins, lui aussi, dépourvu de frontières: celui du mouvement global des Indignados/Indignés
Le film documentaire «Indignez-vous!» (1) s'inscrit en effet dans la lignée du livre homonyme de Stéphane Hessel. 
Loin de se contenter de dresser le portrait d'un monde en dysfonctionnement, il fait émerger des espérances et des voies nouvelles...

Etat d'urgence

«Très vite, en lisant ce livre, j'ai vu un film», explique l'intéressé.
Exit donc, ici, l'écrit.
Et place au cinéma.
Une discipline qui, pour le réalisateur, se doit d'affronter le présent.
Plus que jamais...
«C'est qu'il y a urgence. 
Car le dérèglement du capitalisme financier précipite le monde et les peuples dans la crise.
Une crise de plus en plus dure pour des millions de gens, réduits au chômage et plongés dans la misère. 
Cette période sombre qui est la nôtre peut déboucher sur pire encore... 
Un déferlement de violence xénophobe et raciste.
Une guerre de civilisation, dressant les peuples les uns contre les autres peuples.
Que ce soit au nom de Dieu, de l’incompatibilité des cultures ou, tout simplement, de la haine de l’autre. 

Face à cette terrible perspective, le cinéma doit se battre, au même titre que la littérature, la musique et les autres discipline artistiques
Il lui faut réagir vite, sans, pour autant, renoncer à ses vertus et à sa singularité. 
De nos jours, le septième art a plus que jamais vocation et nécessité de se confronter avec l’actuel. 
Les progrès accomplis en matière d’enregistrement rendent la tache plus aisée.
Malraux ne disait-il pas que l’art était l’antidestin?
Le cinéma peut et doit prendre le maquis par rapport à la fatalité du marché. 
Question d’éthique et de volonté. 
Là où il y a volonté, là se trouve le chemin...» (2)
Celui, en l'occurrence, d'un reportage. 
Que Arte, en diffusant ce film il y a quelques semaines, nous présentait comme «libre et poétique». 
Et comme «docu-pamphlet»... 

(1) Gatlif Tony, Indignez-vous!, une coproduction de ARTE France et Princes Production, France, 2012,1h12mn.

vendredi 26 avril 2013

Etudiants en économie. Pas contents !


La crise mondiale?
Les outils enseignés 
ne permettent pas aux étudiants en économie 
de l'appréhender autrement 
que de façon étriquée.
C'est que les cours, 
majoritairement orientés 
vers l'acquisition de techniques, 
laissent fort peu de place 
à la compréhension des réalités contemporaines. 
Et le manifeste (1) du collectif français PEPS-Economie (2)
de rester plus valable que jamais...


Pour un enseignement pluraliste 
de l'économie
 
Nous sommes des étudiants en économie et nous sommes mécontents de l'enseignement de cette discipline. 
Plusieurs appels, lettres ouvertes et pétitions ont déjà été lancés à ce sujet depuis dix ans, prouvant le caractère durable de ce malaise, sans jamais susciter de profonds changements. 
Depuis le début de nos études, force est de constater que notre connaissance des mécanismes de l'économie ne s'est pas réellement accrue. 
En ce qui concerne, par exemple, la crise économique mondiale, les outils qui nous sont enseignés ne nous permettent pas de l'appréhender. 
Et les cours dispensés ne se sont pas adaptés à la nouvelle situation. 
Cette crise est donc également celle de l'enseignement de l'économie. 

Ouverture 

Il est nécessaire d'intégrer un plus grand pluralisme à nos formations. 
La théorie néoclassique ne doit pas rester l'unique pilier des enseignements. 
L'épistémologie, l'histoire de la pensée économique et celle des faits économiques doivent acquérir une place beaucoup plus importante. 
Enfin, le dialogue avec d'autres sciences humaines et sociales doit être systématisé. 
Des objets aussi divers que le chômage, les inégalités ou encore les choix de consommation sont par nature pluriels et ne peuvent être abordés que de manière transversale. 

Mobilisation 

Il ne s'agit pas de rejeter l'apport des mathématiques, de la modélisation ou des méthodes statistiques. 
Nous souhaitons simplement acquérir la maîtrise d'outils complémentaires, permettant de comprendre pleinement les phénomènes économiques. 
Nous invitons donc tous les étudiants qui partagent ces questionnements à nous rejoindre, afin de nous mobiliser pour un enseignement pluraliste en économie dans le supérieur. 

PEPS-Economie


(1) Ce manifeste date de 2011. Il est notamment paru dans le n°299 du mensuel Alternatives Economiques (février 2011). 
(2) Collectif d'étudiants Pour un Enseignement Pluraliste dans le Supérieur en Economie.

mardi 23 avril 2013

En vert et contre tout ?




La croissance économique, oui.
Mais pas à n'importe quel prix !
Yann Arthus-Bertrand persiste et signe.
Film sur l'économie verte à l'appui...

«En quelques siècles, le monde a connu un incroyable développement humain.
Et en vingt ans, la croissance économique a sorti près de 660 millions de personnes de la pauvreté, principalement en Asie.
Le nombre d'enfants déscolarisés a diminué de 47%.
La production alimentaire a augmenté de 45%.
Mais à quel prix?
Plus de cinq hectares de forêts disparaissent chaque année.
L'eau manque.
Les espèces disparaissent cent à mille fois plus rapidement qu'auparavant.
Le changement climatique perturbe les récoltes, provoque des catastrophes et menace des millions de personnes.
Et puis, un milliard de personnes ont encore faim tous les soirs alors que l'obésité se répand dans le monde.
Ils sont même deux milliards à vivre en dessous du seuil de pauvreté quand le nombre de millionnaires n'a jamais été aussi important.
La croissance s'est faite au détriment de l'environnement et ses fruits n'ont pas été suffisamment partagés.
Il faut inventer un autre modèle.
On l'appelle l'économie verte...»

(1) Ecrit par Olivier Blond et mis en musique par Armand Amar.

samedi 20 avril 2013

Banques européennes. Qui paye et où va l’argent ?
















 





Quand l'Europe 
sauve ses banques
qui paye? 
Et où va l'argent? 
Un journaliste 
et essayiste 
allemand 
a mené l'enquête...

«Chargé de mission spéciale», peut-on lire sur la porte de son bureau.
Reporter pour un grand quotidien berlinois, Harald Schumann a sillonné l’Europe.   
Et obtenu des réponses pour le moins surprenantes. 
Car ceux qui ont été «sauvés» ne se trouvent pas –comme on tend à vouloir nous le faire croire– dans les pays en détresse, mais surtout en Allemagne et en France. 
En effet, une part importante des sommes débloquées finit dans les caisses des créanciers de ces banques sauvées. 
Quant aux financiers qui ont fait de mauvais investissements, ils se retrouvent protégés contre toute perte aux frais de la collectivité. 
Et ce contrairement aux règles de l’économie de marché. 
Pourquoi? 
Qui encaisse l’argent?
Reportage édifiant...

mercredi 17 avril 2013

«Mouves». Voulez-vous sauter avec moi ?...























Nom officiel: 
Mouvement 
sociaux.  
Mais 
puisqu'il vous demande
ex abrupto 
de faire le grand saut 
avec lui, 
qu'il ne soit pas question 
de chichis entre vous.
Appelez-le Mouves
tout simplement...

Mouves?
Un diminutif, donc, pour Mouvement des entrepreneurs sociaux
Soit un ensemble de personnes qui réunit et fédère les entrepreneurs sociaux. 
Des entrepreneurs avant tout motivés par l'intérêt général.
Des entrepreneurs qui cherchent à répondre à des besoins sociaux ou environnementaux. 
Des entrepreneurs qui entendent réconcilier l'économique et le social.
Histoire de tendre à une économie plus humaine. 

dimanche 14 avril 2013

Actu. Désexcellence: la Charte



Un an après la Journée 
voici la Charte 
du même nom.
Une version finalisée.
En attendant 
le document définitif.
Qui tiendra compte 
de vos avis.
A vous, donc, de jouer...


J.-M. Decroly, 
C. Deligne, 
O. Gosselain, 
J.-J. Heirwegh, 
P. Lannoy, 
G. Lebeer, 
J. Moriau, 
V. Piette, 
A. Smith, 
M. Van Criekingen


Bonjour à tous et toutes,

 
Nous vous remercions chaleureusement d'avoir montré de l'intérêt pour les réflexions sur la désexcellence et/ou d'avoir participé à la première «Journée de la désexcellence»... il y a presqu'un an.

Vous trouverez ci-joint une version finalisée de la «Charte  de la désexcellence», fruit de discussions de plusieurs mois entre nous et tenant compte de vos suggestions et commentaires. 
Nous vous invitons à la lire et à nous faire part de vos éventuelles propositions de modifications. 
Dans ce dernier cas, veuillez nous renvoyer (1) le texte en y introduisant directement les changements, de façon visible.

Nous rédigerons une version définitive du document cet été, en prenant en compte vos suggestions. 
Nous rendrons ensuite public la charte dans le cadre d'une matinée d'information organisée début octobre et la la diffuserons largement afin de susciter les adhésions.


Amicalement.


J.-M. Decroly, 
C. Deligne, 
O. Gosselain, 
J.-J. Heirwegh, 
P. Lannoy, 
G. Lebeer, 
J. Moriau, 
V. Piette, 
A. Smith, 
M. Van Criekingen

(1) Renvoyer à Projet relationnel, qui transmettra.



Charte de la désexcellence

Scientia Vincere Excellentiam



Préambule


Les universités vont mal.
Les valeurs sur lesquelles se fondent leurs pratiques sont emportées par le courant dominant. Pensée critique, débats et pluralité des points de vue, quête de connaissances, mûrissement et partage des savoirs : autant de notions qui s’accordent mal avec les logiques de profit immédiat, d’hyper-compétition, d’utilitarisme et de défense des intérêts privés qui prévalent aujourd’hui.
Partout en Europe, les universités abandonnent leur rôle de service public. Par peur ou par calcul, leurs dirigeants adoptent une série de croyances développées par les milieux économiques. Croyance selon laquelle la recherche et l’enseignement seraient au service de l’économie et non l’inverse. La valeur d’un savoir tiendrait en sa capacité à engendrer des profits financiers immédiats. Les structures académiques pourraient être transformées en unités de production dont les performances se mesureraient sur base d’un calcul d’input et d’output.
Combinée au sous-financement et à la mise en concurrence sur le marché de l’éducation, l’adoption de ces croyances a entraîné une transformation profonde du monde académique. Celui-ci fonctionne désormais sur un modèle managérial, où l’on se préoccupe moins de questions scientifiques et pédagogiques que d’indicateurs de performance, de positionnement stratégique et d’image de marque. Explicitement ou implicitement battues en brèche, les valeurs de service public sont remplacées par une idéologie de « l’Excellence », prônant rentabilité, compétitivité, adaptabilité et employabilité.
Les autorités universitaires comme le monde politique claironnent le bien-fondé de ces changements. La recherche serait redynamisée et utilement réorientée vers la production de résultats valorisables. Les enseignements seraient dégraissés, harmonisés et recentrés sur l’acquisition de compétences adaptées. Les étudiants trouveraient une offre en phase avec les spécificités du marché de l’emploi. Les «incubateurs», « clusters » et autres «spin-off» unissant les universités au secteur privé nourriraient la recherche et favoriseraient la croissance.
Mais derrière cette façade rassurante se cache une autre réalité. Car l’idéologie de l’Excellence n’est pas seulement une escroquerie intellectuelle, née d’un parallélisme erroné entre le monde académique et celui de l’entreprise. Elle est le fruit d’une destruction concertée de ce que représentent les universités, avec des conséquences désastreuses sur le plan aussi bien moral, qu’humain, scientifique et pédagogique.
Moral d’abord, puisque cette idéologie consacre un acte de flibusterie : faire payer au public la production de «capital humain» et de savoirs qui enrichiront avant tout le privé. Cet enrichissement, notons-le, ne profite pas seulement à l’industrie, mais aussi à d’autres secteurs, comme celui de l’édition scientifique qui voit quelques éditeurs en position de monopole revendre à profit le fruit d’un travail entièrement financé par le public. Dans un cas comme dans l’autre, la crise actuelle montre les dommages causés à la collectivité par ce type de transaction.
Humain ensuite, car les universités n’existent que grâce à l’investissement quotidien de milliers de travailleurs qui se dépensent sans compter, souvent avec passion, mus par l’intérêt qu’ils portent à leur activité et par leur conviction d’œuvrer au bien commun. En ramenant ces notions au rang d’archaïsmes, l’idéologie de l’Excellence prive non seulement les travailleurs d’une source essentielle de motivation, mais détruit également la carrière d’un nombre croissant d’entre eux, souvent les plus attachés à défendre et à faire vivre la mission publique des universités.
Scientifique également, car l’obsession pour les indicateurs d’Excellence, entraîne une course aux résultats faciles et aux coups médiatiques. Pour faire du «chiffre», il faut publier vite et beaucoup. Obtenir des financements colossaux pour des projets montés et menés à la hâte. Répondre à des critères d’évaluation mis en place par des personnes qui ignorent tout du fonctionnement de la recherche. Cacher des résultats dont d’autres pourraient tirer profit. Les conséquences ne se font pas attendre: appauvrissement et formatage des domaines investigués, réduction des prises de risque et des recherches à long terme, multiplication des résultats invalides et des fraudes.
Pédagogique enfin, car l’idéologie de l’Excellence conduit à désinvestir l’enseignement. Puisque les dossiers académiques sont prioritairement évalués sur base de statistiques de publication, il devient dangereux de consacrer du temps à l’encadrement des étudiants. Ce travail est progressivement relégué à des travailleurs de l’ombre, au statut souvent précaire. Du côté de la réflexion pédagogique, la mode actuelle est à la rédaction de «référentiels de compétences.» Ceux-ci valident la vocation désormais utilitariste des universités et le caractère marchand de la relation d’apprentissage. Le but premier des référentiels est en effet d’attirer et de fidéliser des étudiants-clients, en faisant miroiter des perspectives « d’employabilité » accrues. Mais ce tour de passe-passe pédagogique conduit en pratique à substituer des savoirs instrumentaux aux connaissances et à la réflexion.
D’une façon générale, l’obsession académique pour lesindicateurs d’Excellence (nombre de publications, classements divers, nombre de masters internationaux, partenariats avec des universités du « ranking »,…)entraîne les universités dans une course aux chimères où elles consomment d’importants moyens financiers et humains qui, par ailleurs, leur manquent cruellement.
Les universités vont décidément mal. Souvent occultées par le rouleau compresseur des réformes et les incantations managériales, les critiques commencent heureusement à se faire entendre. Des poches de résistance apparaissent çà et là, nées de façon indépendante. Le constat est partout le même : celui de la destruction organisée des activités de recherche et d’enseignement. L’un des mérites de ces poches de résistance est de ramener dans les universités un débat qui, durant deux décennies, a été confisqué par des officines privées et relayé par des politiques acquis à leur cause. Mais la tâche à accomplir pour désenvoûter les esprits est énorme. Elle implique un travail aussi bien individuel que collectif. Individuel, parce qu’il faut transformer ses pratiques professionnelles pour qu’elles s’accordent avec la conception d’une institution publique, au service de la collectivité. Collectif, parce qu’il faut à la fois connecter les poches de résistance existantes et les renforcer si l’on souhaite pouvoir peser sur les politiques universitaires.




Proposition pour une charte de la désexcellence


La charte qui suit est issue d’une réflexion collective qui doit être poursuivie et élargie.
Tout en défendant l’existence d’une véritable communauté universitaire, fondée sur le dialogue et la solidarité entre les membres, c’est essentiellement aux membres du corps académique quenous proposonsde s’approprier cette charte, car ce sont eux qui possèdent la plus grande marge de manœuvre. Si les constats et préoccupations des autres corps sont pris en compte, nous ne prétendons pas parler en leur nom.
Outil individuel et collectif, la charte doitcontribuerà s’opposer aux logiques dénoncées ci-dessus. Elle vise avant tout à dépolluer nos pratiques, en refusant de substituer la notion «d’Excellence» à celle de travail honnête et bien fait. Elle vise également à construire une université de service public, démocratique et accessible ; une autre université que celle qui se bâtit sous nos yeux.


1. Enseignement

2. Recherche

3. Administration

4. Service à la collectivité


1. ENSEIGNEMENT


Pour nous, l’enseignement est une mission essentielle des universités ; il n’est pas un produit de consommation, il ne doit pas être rentable.

En conséquence, je m’engage à :

  • Promouvoir la logique des savoirs, pas celle du «gain» d’étudiant-e-s dans l’organisation des enseignements.

·         Refuser la disparition des «petites» sections, en défendant, dans toutes les instances possibles, le maintien de postes d’enseignants relatifs à des matières peu courues.

  • Dénoncer les discours et les évolutions qui transforment les universités en institutions strictement professionnalisantes, promettant l’acquisition de compétences directement opérationnelles.

  • Refuser de traiter les étudiants en clients» ou «consommateurs», notamment :

- en mettant au cœur  de l’enseignement ce qui fait la force, le plaisir et la richesse de la recherche dans la construction des savoirs—par exemple, par lamultiplication de liens entre cours, séminaires et travaux pratiques, et parle développement de dispositifs pédagogiques qui permettent la construction conjointe des savoirs ;

- en combattant l’infantilisation des étudiant-e-s dans le processus d’apprentissage (dû, entre autre,à la standardisation des contenus et des attentes), qui concourt plus à les maintenir dans un statut d’étudiant-e qu’à former des adultes curieux ;

- en évitant de recourir à des évaluations formatées et standardisées.

  • Maintenir une exigence intellectuelle vis-à-vis des étudiant-e-s, en leur expliquant leurs obligations et responsabilités en matière de travail personnel,en leur exposant les objectifs et exigences des cours, en discutant avec eux/elles du sens et des raisons de l’organisation des contenus, en sollicitant leurs retours sur les enseignements dispensés… et en en tenant compte.

  • Refuser de dresser des «référentiels de compétences» qui n’auraient pas comme principaux objectifs l’épanouissement personnel et intellectuel des étudiant-e-s et des enseignant-e-s à travers la construction de savoirs (pensée), de savoir-faire (méthodes) et de savoir-être (valeurs).

  • Promouvoir des réflexions pédagogiques collectives au niveau des filières et départements, pour palier les déficiences criantes de l’évaluation standardisée de nos enseignements.

  • Veiller à ce que les aides pédagogiques centralisées et leur éventuelle technicité n’entrainent pas un accroissement de la standardisation et de l’uniformisation des enseignements.

  • Refuser de participer ou d’organiser des formations ou stages financièrement discriminants.

  • Refuser de recruter des enseignants-chercheurs, ou de leur accorder une promotion, sur la seule base de l’expérience de recherche ou d’une capacité à mobiliser des fonds. En cette matière, les aptitudes pédagogiques doivent être prioritaires.

  • Ne valoriser l’expérience professionnelle lors d’un recrutement que lorsqu’elle est susceptible de nourrir les missions d’enseignement et de recherche de l’université.

  • Exiger de toute procédure d’évaluation externe ou interne de l’enseignement qu’elle explicite ses critères et ses objectifs, et qu’elle autorise l’expression d’avis fondés sur d’autres critères.




2. RECHERCHE


Pour nous, la recherche produit des connaissances diverses et ouvertes ; elle n’est pas une entreprise productiviste et utilitariste; elle n’a pas pour but la fabrication de produits finis.

En conséquence, je m’engage à :

  • Considérer la recherche et l’enseignement comme inséparables, tant dans la pratique qu’au niveau des principes. La recherche s’enrichit des savoirs qui émergent au sein du dispositif pédagogique et l’enseignement permet la transmission de connaissances et d’interrogations issues des recherches de nos prédécesseurs et contemporains.

  • Défendre le choix libre des sujets de recherche, en dehors de tout critère de rentabilité.

  • Refuser les logiques actuelles d’évaluations et de classements qui mettent en concurrence tant les chercheurs/chercheuses que les entités de recherche, et qui dévalorisent le travail collaboratif :

- en n’accordant aucun crédit aux «rankings» internationaux, dont les finalités et les méthodes doivent être inlassablement dénoncées ;

- en ne participant ou en ne se soumettant à des évaluations qu’à la condition qu’elles promeuvent l’auto-évaluation des groupes de recherche. Ceci implique que les critères d’évaluation aient été discutés collégialement et qu’ils portent essentiellement sur les contenus ;

- en refusant d’importer dans le domaine de la recherche des grilles d’évaluation standardisées ;

- en rendant des comptes à la société, sans pour autant être dépendants de la demande sociale ou privée. Il faut défendre la perspective d’une recherche autonome qui a ses propres intérêts.

  • Respecter desrègles dans les procédures d’engagement ou de promotion d’enseignants-chercheurs :

- pas de modes de recrutement qui défavorisent implicitement des candidat-e-s « locaux/locales » ;

- pas d’hégémonie des critères quantitatifs dans l’évaluation des dossiers scientifiques(rang dans la promotion d’études, nombre de publications, impact factor, facteur h, index des citations,…) et priorité accordée au jugement sur le contenu des dossiers et des travaux;

-pas d’utilisation du post-doctorat à l’étranger comme critère de sélection(notamment parce qu’il discrimine les moins riches et les femmes);

-exigence de formulaires de candidature ou de canevas de recommandation qui contiennent des critères qualitatifs et des possibilités d’argumentaires circonstanciés et non formatés (il est indispensable que les interfaces internet ne bloquent pas lorsqu’on ne remplit pas les cases et qu’elles autorisent toujours à ajouter du texte);

- exigence du maintien de bourses accessibles à des candidat-e-s dont les profils s’écartent des critères quantitatifs et exigence que leurs critères d’éligibilité soient maintenus tout au long de la procédure de sélection ;

- pas de prise en compte du service d’accueil (unité ou centre de recherche, laboratoire,…) dans les critères de sélection des dossiers. Ce sont les individus et leurs projets qui doivent être évalués ;

- pas d’incantation à la mobilité qui ne soit soutenue par des programmes financiers à la hauteur du coût d’un séjour à l’étranger, y compris, le cas échéant, pour des familles.

·         Ne pas me soumettre à l’obsession du productivisme en matière de publication, me donner les moyens du temps long et diffuser le fruit de mes recherches hors du monde académique,ce qui implique :

-de n’accorder aucun crédit à l’usage des indicateurs bibliométriques dans la gestion des carrières et la sélection des projets de recherche ;

-de ne jamais chercher à connaître mes propres indicateurs (impact factor, facteur h, indice de citations, …)ou ceux de mes collègues (et mieux encore, de créer des ‘Impact-factor Free zones’) ;

-d’attirer l’attention des jeunes chercheurs/chercheuses sur les dangers d’une idéologie de l’Excellence qui donne la priorité à la quantité et à la rapidité plutôt qu’au contenu ;

-de favoriser la publication de textes de synthèse (articles, chapitres, livres) plutôt que de pratiquer le saucissonnage(« one idea, one paper ») ou la répétition (qui visent avant tout à faire gonfler le CV) ;

-de refuser de cosigner un papier dansla rédaction duquel je n’aurais pas été activement impliqué-e ;

-de favoriser des échéances de publication suffisamment longues pour permettre une écriture de qualité ;

-de favoriser l’écriture commune de travaux publiés sous la signature de collectifs ;

-de ne pas se cantonner à l’anglais comme langue de publication ;

-de veiller à ne pas signer des contrats d’édition qui permettent l’appropriation marchande de mes travaux ;

-de publier dans des revues Open Access aussi systématiquement que possible ;

-de continuer à publier dans des revues locales, régionales, nationales, et dans des éditions universitaires attachées à la diffusion publique des résultats de recherche ;

-de favoriser la discussion collective de mes recherches, dans et en dehors des milieux académiques.

-de continuer à rédiger des textes mettant le fruit de mes recherches à disposition de publics non académiques (revues associatives, par exemple).

-de refuser que le travail de publication devienne un prétexte explicite ou implicite pour négliger ou refuser l’investissement dans les autres secteurs de l’activité universitaire.

·         Combattre la transformation des unités ou laboratoires de recherche en cellules managériales (dirigées par de nouveaux mandarins)

- en favorisant leur gestion collégiale et démocratique (notamment par le renouvellement régulier de leur direction) ; et si cela se révèle impossible, en créant d’autres structures qui le permettent ;

- en exigeant la reconnaissance de structures interdisciplinaires de recherche au sein de l’université ;

- en autorisant différentes modalités de rattachement des personnes aux unitésde recherche —ainsi que le non-rattachement ;

- en ne confinant pas le partage de nos recherches aux limites imposées par des regroupements ou des réseaux institutionnels (« je partage avec qui je veux ! ») ;

- en considérant, en toute circonstance, le/la doctorant-e comme un-e partenaire de recherche, ce qui suppose une désinfantilisationdes rapports professionnels et l’arrêt des demandes incessantes de « gages de formation » ;

- en protégeant la liberté académique des doctorant-e-s dans la réalisation de leur recherche ;

- en revendiquant que les frais d’inscription en thèse soient inclus dans le budget de financement de la thèse ;

- en informant clairement les candidat-e-s au doctorat ou à la recherche contractuelle sur les perspectives étroites d’avenir professionnel au sein de l’université ;

- en s’engageant, malgré la précarisation des conditions de travail et la pression exercée sur les salaires, à respecter en toutes circonstances le droit du travail et l’intégrité des personnes au travail ;

- en refusant d’exploiter à des fins personnelles les résultats de recherche issus du travail decollaborateurs ;

·         Refuser de réaliser des tâches administratives quand elles mettent à mal mesactivités d’enseignement et de recherche (rapports en tous genres, processus d’évaluation à répétition, confection de dossiers de financements).

·         Considérer les fruits de recherches financées (en tout ou en partie) par les pouvoirs publics comme ceux de l’ensemble de la société.

·         Exiger des contrats de recherche signés avec des acteurs privés qu’ils n’entravent pas l’utilisation et de la diffusion des résultats de mes recherches auprès de tous les publics.




3. ADMINISTRATION


Pour nous, l’administration est une composante essentielle du fonctionnement de l’université ; elle n’est pas l’équipement passif et malléable des nouveaux managers de l’institution.

En conséquence, je m’engage à :

·         Exiger la nomination d’un personnel administratif en suffisance, auquelsont assurées des conditions de travail épanouissantes (salaire, espaces, autonomie d’organisation...). Ceci implique :

- de ne pas lancer de nouvelles initiatives d’enseignement et de recherche, ni de nouvelles courses aux indicateurs internationaux ou à la « visibilité », sans s’être au préalable assuré que les moyens administratifs en permettront l’exécution ;

- de solliciter et d’écouter l’avis du personnel administratif ;

-de revendiquer un poids plus grand de l’administration dans les prises de décision.


·         Valoriser et mobiliser les ressources internes en matière d’organisation du travail et de  gestion, plutôt que de recourir à des expertises et techniques (managériales, informatiques,…) externes, inadaptées aux spécificités de l’université.

·         Permettre aux administrations de traiter les étudiant-e-s sur un pied d’égalité, dans le respect réel des règles annoncées et sans considération stratégique par rapport à leur profil (de nationalité, par exemple).




4. SERVICE A LA COLLECTIVITE


Pour nous, les universités ont une mission de service à la collectivité ;
ce ne sont pas des lieux fermés et déconnectés des questions sociales


En conséquence, je m’engage à:

·         Défendre la liberté d’expression des membres de l’Université sur des questions de société, y compris lorsqu’elles impliquent une critique de l’institution.

·     Soutenir l’investissement dans la société (associations, mouvements, collectifs engagés, sociétés scientifiques locales,…).

·        Diffuser et surtout discuter mes recherches et connaissances auprès de larges publics, hors du milieu académique, dans un esprit d’enrichissement mutuel.

·        Refuser l’appel à la visibilité à tous prix, en déclinant notamment les invitations médiatiques si elles imposent des formats temporels inconciliables avec les explications complexes ou si elles ne donnent pas lieu à un droit de regard sur les contenus diffusés.