samedi 21 février 2015

Epilogue. De quoi le djihadisme est-il... notre nom ?


Après cinq ans 
de «bons» (?!) 
et loyaux services, 
Projet relationnel 
tire -sans doute
provisoirement-
le rideau.
Car, entretemps, 
la situation
de son animateur 
a changé.
Autant que
le contexte sociétal.
Une prise de recul 

s'avère donc 
nécessaire.
Histoire 
de faire le point 
en ces temps troublés.
Marqués notamment 
par le djihadisme... 


«Tu sais, si nos réactions ont parfois pu décevoir au lendemain des attentats de Paris, c’est fondamentalement pour une raison assez simple: nous sommes perdus.»
Quand un proche musulman m’a fait cette confidence, je m’en suis voulu. 
Voulu de ne pas avoir compris. 
Ou, à tout le moins, pas suffisamment.
C’est dire si l'Européen de souche que je suis s’abstiendra bien, ici, du moindre propos qui, de près ou de loin, pourrait laisser suspecter un profil de donneur de leçons.
Bien loin de là, je voudrais proposer, en guise d'épilogue (au moins provisoire) à ce Projet relationnel, une réflexion susceptible de percoler au-delà des cercles islamiques, qui ont toute ma sympathie mais dont je ne suis pas. 

Changer de logiciel 

Le djihad a une double dimension: centrifuge et centripète.
Il réfère autant à une belligérance -«petite» (1) et «négative» (2)- contre les autres, qui rappelle la «guerre sainte» des chrétiens, qu'à un conflit -«grand» (1) et «positif» (2)- contre soi-même, qui, lui, renvoie à une lutte intérieure contre les mauvais penchants et à un effort personnel en faveur du dépassement de soi.
Côté cour, donc, un djihad que je me risquerais à qualifier de «militant». 
Et côté jardin, un autre que j’oserais appeler «méditant».

Militant?
Méditant?
Mais alors...
Bon sang, mais c'est bien sûr!
Ce n'est plus seulement du camp d'en face qu'il est question.
Car, devant nos yeux éblouis, apparaît une nouvelle grille de lecture.
Qui permet de déplacer les lignes. 
De sortir du cadre réducteur d'une pensée qui exclut
De prendre nos distances avec cette approche limitante qui ramène toujours à la dichotomie du «eux contre nous». 
Eux les musulmans contre nous les chrétiens (de foi ou de culture). 
Eux les immigrés contre nous les natifs. 
Ou pire encore: eux... les « basanés » contre nous les blancs de peau! 

Militants...

Un excellent moteur pour l’action, sans doute.
Mais aussi, parfois, un vecteur de dérive.
Car la colère n'est jamais très loin. 
Et avec elle, les excès de la distorsion cognitive. 
Soit des altérations et des erreurs qui apparaissent dans nos mécanismes de décodage. 
Ceux portant sur la réalité extérieure. 
Ceux, également, renvoyant à l’intimité de notre personne.
Notre conscience, en effet, ne se comporte pas simplement en réceptacle passif. 
Confrontée à une situation donnée, elle procède à une lecture très personnelle de l’environnement. 
En sélectionnant certaines données. 
En en ignorant d’autres. 
En leur attribuant des significations particulières...

Notre interprétation d’une situation dépend donc autant de cette situation elle-même que de nos a priori sur ce type d’occurrence. 
Or peuvent intervenir dans ces systèmes de traitement de l’information toute une série de dysfonctionnements, qui tendent à établir une hiérarchie, généralement inconsciente ou implicite...
. Moi, mes intérêts, mes comportement, mes opinions et/ou mes valeurs d’abord.
. Ceux de mes proches et/ou alliés ensuite.
. Ceux du reste du monde enfin.

... versus méditants

Les détracteurs des Occidentaux considèrent souvent que nous avons l'indignation sélective.
Ce n'est pas faux.
C'est même vrai.
Tout à fait vrai.
Seulement voilà...
En «bons» militants, ceux qui portent ce genre d'accusations sont rarement à l'abri, eux mêmes, du travers qu'ils dénoncent.
Quel gouvernement national (ou fédéral) ne chercherait-il pas à imposer ses vues s'il disposait de la puissance des Etats-Unis?
Quel Israélien soutiendrait-il, même de loin, la politique de Tel Aviv s'il était natif de Gaza?  
A contrario, quel Palestinien serait-il en phase avec le Hamas ou le Fatah s'il était né juif?
Et quel contribuable peu nanti s'abstiendrait-il de tout «artifice» fiscal s'il avait fait fortune?
A chacun, donc, de faire son propre examen de conscience.
Et de veiller à ce que la remise en cause ne se fasse pas qu'à la deuxième ou à la troisième personne du singulier ou du pluriel, mais aussi à la première.

La balle serait-elle, dès lors, dans le camp du méditant?
Oui et non.
Oui, si le méditant cherche à dépasser ses zones de «bêtise» émotionnelle et de souffrance affective.
Oui, aussi, s’il se consacre pleinement à la (re)construction et au développement de sa personne.
Mais non, s’il se referme dans son cocon individuel (restreint ou élargi).
Non, donc, s’il s’en tient à une démarche profondément égocentrée.

Le chaînon manquant

Ce que privilégie le militant, c’est le faire.
Un certain faire du moins.
Un faire qui s'ancre dans l'opposition: à l’intérêt établi, à l’indifférence, souvent même à la différence…

En revanche, ce qui prévaut chez le méditant, c’est l’être.
La quête de soi, donc, qui, en Occident aussi, peut s’inscrire dans une forme religieuse, mais qui, désormais, emprunte de plus en plus fréquemment une autre voie: spiritualisans Dieu, approche non formalisée, processus psychothérapeutique…

Le faire?
Très bien!
L'être?
Bravo! 
Mais faire ne va pas sans être.
Ni être sans faire.
D’où la nécessité de ce que le philosophe français René Macaire a baptisé «mutance».
Le mutant est adepte et porteur de mutation.
Et même de double mutation.
Tournée vers l'extérieur et dirigée vers l'intérieur.
Collective et singulière.
Interpersonnelle et (intra)personnelle.
On le comprend: ce créa... cteur de changement n’est donc pas de ces militants pur jus qui ne songent qu’à lutter, qui ne pensent qu’à combattre pour le triomphe d’une cause, qui se servent d’une organisation comme d’une arme sur le champ de bataille de leurs revendications, qui trouvent toujours de bonnes raisons à leurs contradictions, à leurs revirements, à leurs revers ou à la souffrance illégitimement infligée... 
Mais il ne se confond pas davantage avec le méditant brut, qui tend à ne rechercher que sa plénitude individuelle et à faire montre d'un déficit d’enthousiasme pour l’action, surtout collective.
Car le mutant ne se réduit pas à un méditant. 
Pas plus qu’il ne se résume à un militant.
Et pour cause: il est les deux à la fois.

Penser contre soi-même 

Le mutant se construit sur une approche humaniste qui consiste à vivre en toute… interdépendance.
Et qui requiert, pour ce faire, de penser… contre soi-même.
Car réfléchir authentiquement, ce n’est pas seulement penser par soi-même. 
C’est chercher à saisir toutes les occasions de se demander en quoi ce que dit l'autre est vrai et/ou légitime.
C’est jouer en permanence et de bonne foi le jeu de l'autocritique. 
C’est se faire constamment à soi-même les objections que d’autres pourraient faire.
C’est penser contre tous les préjugés et idées reçues, les nôtres compris.
C’est se mettre en danger de confrontation avec l’inconfort de l'inédit, de l’inconnu et du désagréable.
C’est reprendre à son compte l'équilibre réfléchi de John Rawls.
C’est faire honneur à Montaigne en adoptant l'idée que l’intelligence est fonction du degré de doute dont on gratifie sa propre parole.  
«La bêtise est un adversaire redoutable dès lors que celui qui en est l’émissaire considère qu’il en est lui-même exempté, explique le philosophe français Raphaël Enthoven. 
Celui qui croit savoir a encore tout à apprendre.»
Il s’agit donc en quelque sorte –et selon la jolie expression du philosophe belge Michel Dupuis- de «devenir à soi-même une question.»

Au-delà de cette limite, 
votre conscience n'est plus valable...

Un bémol, cependant: Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud ont formulé des critiques graves qui mettent en cause l’authenticité de notre conscience.
L’apport de ces «maîtres du soupçon» a contribué à accréditer l’idée que nous ne pouvons que nous échapper à nous-même dans la mesure où nous sommes déterminé par un inconscient.
Conséquence: la connaissance directe de nous-même est vouée à l’échec.
Nous avons besoin d’une aide extérieure.

Le fait que l’homme d’aujourd’hui ait renoncé à se connaître lui-même d’une façon immédiate et transparente empêche-t-il de rester fidèle à la vision d’un sujet capable de traverser cette épreuve de la non-connaissance véritable de lui-même?
Non.
Mais une telle lucidité appelle au détour par un art de nous décrypter.

La plupart du temps, en effet, notre pensée exprime moins notre «vérité» que nos pesanteurs, nos défenses et nos conditionnements. 
Seule, donc, une boucle par l’extérieur, en autorisant un réel dépassement de croyances initialement fortuites, incertaines et circonstancielles, peut autoriser l’accès à une pensée authentique de nous-même.

Place, donc, à l'ouverture empathique d'un Carl Rogers.
Place à la «complexité» d'un Edgar Morin.
Place au «voile d'ignorance» et à la «position originelle» d'un John Rawls.
Voire à l'«agir communicationnel» d'un Jürgen Habermas.
Place, en tout cas, à la «raison procédurale» d'un Alain Renaut.
Autant d'outils évoqués, avec beaucoup d'autres, durant ces... cinq ans de réflexion.
Une réflexion dont l'animateur de ce Projet relationnel n'a cessé, dans son parcours de vie, de mesurer la vertigineuse insuffisance.
Une réflexion, notamment, dont la volonté constructrice n'a pu prendre le dessus sur la puissance de destruction de quelques-uns.
Utopie: 0?
Scepticisme, indifférence et hostilité (4): 1? 
A chacun de juger.
Cette réflexion, quoi qu'il en soit, existe désormais.
Telle une toute petite goutte d'eau dans ce grandiose océan qui, peut-être, finira par permettre à la société occidentale de passer un cap.
Un cap utile.
Un cap nécessaire.
Un cap indispensable.
Indispensable, par exemple, pour relever le défi formulé par la fameuse et interpellante  apostrophe de Noam Chomsky: «La propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature.»(5)

Christophe Engels


(1) Selon le prophète Mahomet.
(2) D'après l'islamologue Malek Chebel.
(3) Que les lecteurs réguliers et attentifs qui attendaient les messages (un moment annoncés) sur l'immigration (sous l'angle économique), la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, avaient d'ores et déjà été abordés) veuillent bien nous excuser d'avoir finalement renoncé (en tout cas à ce stade) à publier sur ces thématiques.
(4) Qui a dit: «persiflage» et «acharnement»?
(5) A noter qu'une formule choc est par nature réductrice et que celle-ci ne fait pas exception à la règle, notamment en éludant le fait que la dictature recourt largement à la propagande. 



mardi 17 février 2015

Djihadisme. «Je prie. Moi non plus.»




  

Islam?
Quel islam?
Ce qui explique 
le djihadisme
c'est moins 
le communautarisme 
que 
la désocialisation. 
Estime, 
pour Les inRocks
le sociologue 
et philosophe 
français 
Raphaël Liogier.
Extraits. 



Qui est le «client»  type 
du djihadisme?
Pour Raphael Liogier (1)
pas de doute...
C'est l'individu 

qui se sent moins intégré.
Fragile.
Minoritaire. 
Celui-là même 
qui donne l'impression 
de pouvoir être «récupéré»
«On lui dit: tu es un héros, tu n’es pas rien, tu es beaucoup plus que les autres, tu as été choisi mais tu ne le savais pas...
Il se trouve que, pour les raisons que j'évoque dans "Le Mythe de l’islamisation" (2), l’Europe est devenue un lieu stratégique de ce renversement du stigmate.
En raison aussi de "Ce populisme qui vient" (3) et qui est maintenant bien là. 
Les partis populistes européens utilisent les valeurs du Vieux Continent pour dire qu’elles sont attaquées par l’islamisation rampante.
Ils surfent et nourrissent cette angoisse collective identitaire qui existe depuis le début des années 2000.» 

Islam? Quel islam? 

Il est vrai que, au cours de la décennie précédente, le «camp d'en face» s'était radicalisé.
Au travers de l'islam, dit-on...
«Farhad Khosrokhavar parlait d’islamisme sans islam. 
Moi, je parle de djihadisme sans même l’islamisme, et donc a fortiori sans islam.» 
Pourquoi sans islamisme?  
Parce que les djihadistes ne passent même pas par un endoctrinement politique construit.
«Ils sautent directement dans la case djihad, sans passer par la case islam, car ils ont préalablement ce désir de violence. 
Vingt pour cent d’entre eux ne sont même pas nés dans un milieu "théoriquement musulman". 
Les 80 % restants? 
Là, ce sont des musulmans qui sont touchés.
Mais des musulmans théoriques.
C'est-à-dire qu'ils le sont par l’origine.
Et qu'ils vivent en général dans un milieu très peu pratiquant. 
Des exemples?
Avant de devenir des professionnels du djihad, les frères Kouachi buvaient de l’alcool, Amédy Coulibaly faisait des casses, Mohamed Merah se rêvait militaire d’élite… 
Autant de rêves déchus d’adolescents.
Autant de jeunes qui n’ont pas réussi leur processus d’individuation.
Autant d'individus qui ne trouvent pas de place.

Et qui se retrouvent complètement désocialisés. 
Y compris par rapport à leur communauté d’origine.»

Les bons comptes font les bons ennemis

Ce qui animerait fondamentalement les jeunes en question, ce serait donc une envie de vengeance.
Le djihadisme ne serait qu'une façon de régler leurs comptes avec une société qui  «oppresse»
Et, de là, le moyen de justifier un désir de pure violence, nourrie de frustration.
A l'origine de ces soldats de l’islam, il n’y aurait donc aucun système d’endoctrinement.
Seulement un processus d’entraînement. 
«Ils adoptent tout de suite les slogans. 
Ils ne découvrent l’islam qu’après être devenus des djihadistes, parce que cela fait partie de la panoplie.»


Extraits de Liogier Raphaël, Le djihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désolcialisation, in Les inRocks, 7 février 2015 (propos recueillis par Jean-Marie Durand).


(1) Né en 1967 et diplômé en philosophie de l'Université d'Edimburgh et l'Université de Provence, Raphaël Liogier est aujourd'hui professeur des universités à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, où il dirige l’Observatoire du religieux depuis 2006. Il enseigne par ailleurs au Collège international de philosophie de Paris.
(2) Liogier Raphael, Le mythe des civilisations, essai sur une obsession collective, Seuil, Paris, 2012. 
(3) Liogier Raphael, Ce populisme qui vient, Textuel, Paris, 2013. 
 

samedi 14 février 2015

Citoyens, impliquons-nous! (Re)prenons le pouvoir!




Redonner sens à notre démocratie.
Lui redonner force.
Et redonner foi en la politique.
Telle est la triple antienne 
du Français Jean-Claude Devèze.
Qui vient de se fendre d'un livre 
pour défendre ses convictions.
A savoir que 
l'avenir 
de notre démocratie 
repose d'abord sur l'implication 
des citoyens et de leurs élus,
donc sur la manière 
de partager responsabilités et pouvoir.
Que l'édification d'une société civique 
requiert prioritairement de s'appuyer 
sur la mise en œuvre de processus démocratiques 
et sur une éducation civique permanente.
Et que 
la régénération de notre culture politique, 
nécessaire pour réinventer notre démocratie, 
passe par une révolution politico-culturelle 
mobilisant les forces créatives 
et émancipatrices de tous.
Avec une question existentielle à la clé: 
peut-on atteindre de tels objectifs 
sans s'appuyer sur des forces spirituelles?


L'ouvrage (1) de l'ingénieur agronome Jean-Claude Devèze (2) s'ancre dans une expérience de citoyen et de militant associatif, mais aussi dans les travaux collectifs menés par des organisations comme Démocratie et Spiritualité ou le Pacte civique
«Je suis persuadé que notre démocratie est menacée par le découragement et/ou le désintérêt de nombreux citoyens, explique l'auteur.
Il s'agissait donc pour moi de témoigner de la foi que je conserve en l'avenir de notre pays et de l'Europe pour autant que les citoyens retrouvent confiance en la politique.»
 

Mes trois convictions

«Mes trois convictions?...
. D'une part, l'avenir de notre démocratie repose fondamentalement sur l'implication des citoyens et des élus. 
Encore faut-il qu’ils aient envie de se plonger dans le grand bain de la politique.
De se mouiller, donc.
Car le degré d'implication des citoyens est en relation directe avec la qualité de notre vie démocratique et avec la façon dont ils peuvent exercer leurs responsabilités au sein d'une société cohérente et équilibré. 
. D'autre part, responsabilisation des citoyens et édification d'une société civique sont étroitement liées.
Cette dernière peut se construire en s'appuyant en permanence sur les multiples opportunités de mise en oeuvre de processus démocratiques et sur une réinvention de l'éducation populaire autant que citoyenne.
. Enfin, l'édification d'une société civique nécessite une culture politique à laquelle se référer pour réussir notre mutation démocratique. 
Encore s'agit-il de régénérer cette culture, c'est-à-dire l'ensemble de procédures, des comportements et des valeurs liées à la pratique du pouvoir. 
De quoi nous renvoyer à ce qui peut donner sens à la fois à notre culture et à notre démocratie.
D'où une autre interrogation... 
Quelles sont les forces spirituelles qui peuvent contribuer à redonner foi en cette démocratie et en la politique? 
Se faire entendre sur un tel sujet n'est pas évident dans un pays où le mot spiritualité est ignoré par une partie de nos concitoyens et où la religion est jugée de façon négative par beaucoup. 
Et pourtant...
En cherchant leur chemin de vérité avec le concours de diverses spiritualités, des citoyens donnent force et cohérence à leurs engagements au service des autres et de la collectivité.»

Mes trois ambitions

«Dans ce contexte, j'en appelle à une triple ambition....
. Impliquons-nous!. Reprenons le pouvoir!
. Osons réaliser la promesse démocratique en bâtissant une société civique qui permette de faire monde ensemble.» 


(1) Devèze Jean-Claude, 
Citoyen impliquons-nous. (Re)prenons le pouvoir, Chronique sociale, Lyon, 2015.
(2) Ingénieur agronome, Jean-Claude Devèze a travaillé à l'Agence française de développement durant trente-trois ans. Cherchant à accompagner la promotion des agricultures familiales africaines, il a publié Le Réveil des campagnes africaines (Karthala, 1996) et dirigé la rédaction de Défis agricoles africains (Karthala, 2008). Vice-président de Démocratie & Spiritualité, il est rédacteur de la lettre de l'association. Avec d'autres militants de la société civile, il a préparé le Pacte civique, lancé en 2011, et en est devenu un des animateurs et porte-parole.



mercredi 11 février 2015

Vive l'esprit de fraternité du 11 janvier 2015 !



Le 11 janvier 2015,  
les actes de terrorisme 
qui venaient de frapper Charlie Hebdo
puis la Porte de Vincennes 
ont déclenché un véritable tsunami. 
Une incroyable vague de solidarité 
qui a submergé la France 
et, au-delà, le monde entier.
Soucieux de pérenniser cet élan, 
le philosophe Patrick Viveret 
a mobilisé journalistes, intellectuels et citoyens.
Avec, à la clé, un objectif:
Une initiative également soutenue et relayée 
par Projet relationnel.


«Interpellés et  touchés par l’immense vague de solidarité humaine incarnée par les marches silencieuses du 11 janvier 2015 nous, citoyens en France en Europe et dans le monde, refusons de voir cet élan  se perdre et nous engageons mutuellement  à entretenir cette flamme pour permettre que partout l’esprit de fraternité, de convivialité et de vivre-ensemble l’emporte sur les forces de la haine et de la destruction.
 
Pour exprimer notre soutien aux valeurs de liberté, d’ouverture et de dialogue dans le respect de la dignité humaine, nous invitons toutes celles et tous  ceux qui les partagent, à célébrer et à faire revivre cette vague de solidarité tous les 11 du mois. 
Cela peut se faire en se réunissant dans des lieux symboliques, sur des places publiques, en créant des espaces de dialogue, en particulier avec celles et ceux qui ne se sont pas forcément sentis concernés par ces manifestations. 
Ou encore en manifestant ce jour là l’esprit de la fraternité par un geste symbolique (bougies, rubans, crayons, etc. )

Vous pouvez rejoindre ce mouvement en signant de votre nom, en partageant ces engagements, et en les faisant connaitre largement parmi vos amis, à travers tous vos réseaux sociaux, afin que ce mouvement incarnant l’esprit de fraternité puisse croître et se renforcer chaque mois davantage. 
Nous vous donnons rendez-vous le 11 février 2015 et tous les 11 des mois suivants, en particulier le samedi 11 avril, afin de faire du 11, date souvent sinistre du coté des logiques meurtrières (coup d'état contre Allende, attentats aux États Unis et en Espagne) une date symbolique des forces de vie, de convivialité et de démocratie!»


Catherine André, journaliste, Dialogues en humanité  
Claudine Attias-Donfut, Manifeste convivialiste
Akram Belkaïd, journaliste
Shoki Ali Saïd, Dialogues en humanité Afrique
Claude Alphandery président fondateur du Labo de l'Ess
Geneviève Ancel, Dialogues en humanité, Lyon
Benjamin Ball, Bio consom'acteurs
Laurence Baranski, Etats généraux du pouvoir citoyen
Mathieu Baudin, Institut des futurs souhaitables
Julien Bayou, Powerfoule
Alain Caillé, sociologue, initiateur du Manifeste convivialiste
Philippe Chanial, Manifeste convivialiste
Andrea Caro, mouvement Sol et l'équipe du Sol violette de Toulouse (charlene, Bruno, alexine,  adeline,  Eléonore)
Anne Marie Codur, Dialogues en humanité, Boston
Jean Baptiste de Foucauld, ancien commissaire au plan, Pacte civique
Vincent de Gaulejac, professeur d'université
Jean claude Deveze, Pacte civique
Olivier Douville, ISPOSS
Dany-Robert Dufour, philosophe.
Christophe Engels, Projet relationnel
Samir El Bakkali président de la fédération nationale Mosaic
Christine Ferry, thérapeute
Francesco Fistetti, Manifeste convivialiste
Christophe Fourel, Manifeste convivialiste
Bénédicte Fumey, Pacte civique, Printemps de l’Education
Sylvie Gendreau, Manifeste convivialiste
Susan Georges, présidente d'honneur d'Attac
Laura Gherardi, Manifeste convivialiste
Roland Gori, Manifeste convivialiste
Paulo Henrique Martins, Brésil, Manifeste convivialiste
Chantal Humbert, psychosociologue
Marc Humbert, Manifeste convivialiste, Rennes
Ahmet Insel, Manifeste convivialiste, Istanbul
Bruno Lamour, Collectif Roosevelt
Pierre Lénel, sociologue
Patrice Levallois, Tao
Ivan Maltcheff, consultant, animateur des Cercles bleus
Mauro Magatti, professeur de sociologie, Università Cattolica di Milano
Marguerite Mendell, Manifeste convivialiste
Pierre-Olivier Monteil, Manifeste convivialiste
Alfredo Péna-Véga, Manifeste convivialiste
Dominique Picard, mouvement Sol
Geoffrey Pleyers, sociologue, Université Catholique de Louvain
Mustapha Saha, ISPOSS
Julien Tardif, président de l'ISPOSS
Antonella Verdiani, Printemps de l’éducation
Jean-Luc Verreaux, Institut des Futurs souhaitables
Alice Vivian, Institut des Futurs souhaitables
Patrick Viveret, président du mouvement Sol, États généraux du pouvoir citoyen
Baki Youssoufou, fondateur de wesign.it
...


vendredi 6 février 2015

Grandir et se grandir. Appel à projet de société














 
tir des plans d’action ambitieux 
sur les terrains éducatif, culturel, 
social et économique. 
Et pour ce faire, 
changer de paradigme 
en faisant de l’action politique 
le levier d’une action citoyenne,
susceptible d'éradiquer
la déliquescence du lien social,
de mettre un terme
à l’effacement des repères
et de mobiliser toutes les énergies, 
dans toute la société.
Encourager, donc, les innovations
qui tendent à faire échec 
à l’indifférence,
au repli sur soi 
et à la haine qui en résulte. 
Soutenir, aussi, les initiatives 
qui favorisent l'émergence 
d'un projet de société fédérateur.
Cesser, par ailleurs, d’appréhender la diversité 
comme un handicap.
Histoire d'obtenir des résultats concrets 
dans la revitalisation 
de la cohésion sociale 
et du vivre ensemble.
Tel est l'objet de l'appel 
récemment lancé de France.
Et soutenu par de nombreux signataires.
Dont Projet relationnel.











«Dimanche 11 janvier, s’est exprimée dans un immense élan collectif la prise de conscience qu’une société désunie est une société désarmée. 
Mais ce mouvement, pour être durable, doit s’organiser et impliquer chacun d’entre nous, bien au-delà de notre conception actuelle de la démocratie qui privilégie l’action politique en négligeant l’action citoyenne. 
C’est pourquoi si l’on ne veut pas décevoir, le moment est venu de changer de paradigme en faisant de l’action politique le levier de l’action citoyenne, comme nous y invite le Pacte républicain qui projette la liberté et l’égalité vers la fraternité.

Oui à la différence!

C’est nécessaire pour tous les habitants que la déliquescence du lien social et l’effacement des repères fragilisent à tous les âges de la vie. 
C’est tout particulièrement nécessaire pour les habitants des quartiers ghettoïsés où l’action des pouvoirs publics ne sera décisive que si elle s’accompagne d’une mobilisation de toutes les énergies disponibles, de toute la société. 
Ce qui requiert de cesser d’appréhender la diversité comme un handicap pour en faire un atout déterminant de la réussite collective dans un monde de plus en plus métissé.

Non à l'indifférence!

C’est à ces conditions que l’on pourra répondre efficacement au besoin de sécurité qui s’exprime légitimement. 
Car peut-on croire qu’il puisse y avoir durablement de la sécurité sans fraternité, comme d’ailleurs de la fraternité sans sécurité? 
C’est l’interdépendance des deux qui peut vaincre la peur. 
D’ailleurs, la fraternité n’est pas gravée au fronton des mairies de France par hasard mais parce qu’elle a vocation à imprégner la réalité de la vie locale. 
Et c’est possible car nos concitoyens n’ont pas seulement le mérite de savoir se rassembler pour dire non à la barbarie. 
Ils savent également innover pour faire échec à l’indifférence, au repli sur soi et à la haine qui en résulte, même si leurs démarches restent trop souvent anecdotiques faute d’encouragement de toutes les autorités. 
Une illustration de plus d’un immense déficit de volonté politique, qui favorise la résurgence des appartenances d’origine faute de projet de société fédérateur. 

Agir concrètement 

C’est pourquoi nous appelons solennellement les plus hautes autorités de l’État, mais aussi les responsables locaux, à affirmer avec force leur intention d’inscrire le volet fraternité de la République dans leurs toutes premières priorités. Et, nous les appelons, pour répondre concrètement aux attentes de nos concitoyens, à bâtir sans attendre des plans d’action ambitieux sur le terrain éducatif, culturel, social, économique… 
L’objectif étant notamment de favoriser toutes les dynamiques individuelles, associatives ou institutionnelles aptes à construire de nouvelles relations d’écoute, d’entraide et de respect entre les cultures, les âges et les territoires. 
Et pour que chacun se sente concerné, il s’agit de promouvoir sans ambiguïté l’importance de rapports harmonieux entre droits et devoirs, entre liberté individuelle et responsabilité collective, entre diversité culturelle et unité nationale. 
Une exigence qui doit permettre de remettre en cause nos comportements et nos modes de fonctionnement, pour déboucher sur des résultats concrets dans la revitalisation de la cohésion sociale et du vivre ensemble. 

J'embrase pas!

Et pour illustrer au plus vite cette ambition, il pourrait par exemple, comme le propose également l’Observatoire de la Laïcité, être organisé dès cette année une semaine nationale de la Fraternité au cours de laquelle toutes les autorités et forces vives des territoires engageraient de nouvelles démarches en ce sens. 
Une semaine qui, loin d’être un nouveau terrain de jeu pour communicants, pourrait constituer la première étape symbolique de ce grand projet de société qui, seul, peut empêcher l’embrasement. 
C’est lorsqu’il se situe sur ce terrain-là que notre pays redevient la terre de lumières qui le grandit et nous grandit.» (1) 



Ghaleb Bencheikh, Conférence mondiale des religions pour la paix
Jean-Louis Bianco, Observatoire de la Laïcité
Jean-Baptiste de Foucauld, Pacte civique
Jean-Louis Sanchez, Collectif Appel à la Fraternité
Jérôme Vignon, Semaines sociales de France
Patrick Viveret, États généraux du pouvoir citoyen, Mouvement du 11 janvier
Geneviève Ancel, Dialogues en humanité; 
Dominique Balmary, Uniopss
Thierry du Bouetiez, Groupement national des initiatives et des acteurs citoyens
Brigitte Bouquet, Conservatoire national des arts et métiers
Pascal Colin, Réseau national de l’économie sociale et solidaire
François Content, Apprentis d’Auteuil
Francis Contis, Una;
Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants
Jean Dautry, Association Espoir Alzheimer
Bernard Devert, Habitat et Humanisme
Jean Dumonteil, La lettre du secteur public
Christophe Engels, Projet relationnel;
Bernard Ennuyer, sociologue; 
Véronique Fayet, Secours Catholique
Louis Gallois, Fnars
Antoine Guggenheim, philosophe; 
Claudy Jarry, Fnadepa
Bariza Khiari, sénatrice de Paris; 
René Lenoir, philosophe; 
Didier Lesueur, Observatoire national de l’action sociale
Jean-Louis Loirat, Association des cités du Secours Catholique
Gilles Le Bail, Vision et Action Europe
Dominique Méda, sociologue; 
Daniel Naud, Fondation de l’Armée du Salut
Bertrand Ousset, Société de Saint-Vincent-de-Paul
Françoise Parmentier, association Confrontations
Gilles Paillard, SOS Villages d’Enfants; 
Atanase Périfan, Fête des Voisins
Jean-Marie Schléret, Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement
Patricia Sitruk, Œuvre de secours aux enfants
Pierre Tartakowsky, Ligue des droits de l’Homme
Eric Yapoudjian, Fondation de l’Armée du Salut....


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(1) Ce' message relaye le texte de l'appel «Maintenant, construisons la fraternité». Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.