jeudi 7 juillet 2016

Les migrants ne savent pas nager. «Plus jamais ça!»
















Il était officier de marine marchande 
à l'époque des Boat People
Mais il avait ordre 
de ne pas participer au moindre sauvetage.
Un jour pourtant, 
Klaus Vogel n'y a plus tenu.
Il s'est dit «Plus jamais ça!».
A créé «SOS Méditerranée».
Et a affrété 
le navire Aquarius.
Histoire de sillonner les flots.
Pour venir en aide
aux migrants.



En hommage à tous les migrants qui tentent la grande traversée.
Et en mémoire de ceux qui n'ont pas réussi.


«Vous savez ce que sont les limbes?
Les limbes, ce n'est pas exactement l'enfer.
C'est un lieu qui se situe aux marges de l'enfer.
Je sais que la plupart d'entre vous savent beaucoup de choses sur ces gens qui sont en Libye et qui attendent de traverser.
Pour faire simple, je dirais qu'ils vivent là-bas comme dans un camp de concentration.
C'est de l'esclavage.
Nous sommes ici, à vingt miles d'eux, sur une mer trop dure à traverser pour eux.
C'est trop dangereux.
Ce qui m'inquiète et m'empêche de bien dormir -et vous aussi peut-être-, c'est le fait que nous nous trouvons en réalité sur une mer qui fait office de frontière.
Une frontière sans barrières.
Sans chiens.
Sans soldats.
Sans ordre de tirer sur les gens.
Mais une frontière qui tue quand-même.
Trois mille six cents personnes sont mortes ici l'année dernière.
Pour donner une base de comparaison: le rideau de fer entre les parties est et ouest de l'Allemagne a, lui, coûté la vie à 800 ou 900 personnes en trente ans. 
Les gens n'aiment pas affronter la réalité.
Et personne n'en parle vraiment.
Mais ici, sur l'Aquarius, nous vivons cette situation de l'intérieur.
La terre, l'eau, le feu et l'air seront toujours là.
Ils ne sont pas humains, mais nous, nous le sommes. 
Il nous revient donc d'humaniser cette mer. 
Et le message que nous pourrions envoyer d'ici, de ce navire, pourrait être que nous espérons que les Européens essayent de comprendre ce que la Méditerranée devrait devenir... 
Un espace humain pour les êtres humains, avec des droits, du respect, de la dignité, de la protection, des liens... 
Et non pas une mer meurtrière.» (1) 


Klaus Vogel


(1) Extrait du remarquable documentaire «Les migrants ne savent pas nager», de Jean-Paul Mari.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire