vendredi 3 mars 2017

Espoir adapté









Il voulait devenir 
professeur de sport. 
Mais c'était avant...
Avant cette chute 
dans une piscine.
Qui l'a, dit-il, enfermé 
dans la prison 
de son propre corps. 
Arrêt sur images.
Celles de Fabien Marsaud
devenu 
Grand Corps Malade.
Celles de l'adaptation 
de son autobiographie.
Celles, surtout, du clip (2)
tiré d'une bande originale 
de derrière les fagots.
Autant d'images 
qui valent mille maux.








Espoir adapté



«Bin, ouais! C'est sûr, c'est la merde: c'est pas trop ça qui était prévu.
Nos ambitions sont en berne et notre avenir en garde à vue. 
Et si c'est vrai que l'intelligence, c'est la capacité d'adaptation, 
il va falloir la jouer rusé face à certaines situations. 
Avec une enclume sur le dos, les pieds liés et le vent de face, 
c'est déjà plus dur d’aimer la vie, de faire des sourires dans la glace. 
On a perdu la première manche mais le même joueur rejoue. 
Le destin nous a giflés et on ne veut pas tendre l'autre joue. 
Alors, il va falloir inventer, avec du courage plein les poches, 
trouver autre chose à raconter pour ne pas louper un deuxième coche.
Il y avait sûrement plusieurs options et finalement, on a opté 
pour accepter cette position et trouver un espoir adapté. 
Alors, on va relever les yeux quand nos regrets prendront la fuite. 
On se fixera des objectifs à mobilité réduite. 
Là-bas, au bout des couloirs, il y aura de la lumière à capter. 
On va tenter d’aller la voir avec un espoir adapté 

Can you hear me? 
I am awake. 
Can you see all the fights that I have been through? 
My eyes don’t lie: 
I’ll reach the light 
and hope will guide me. 

Un espoir adapté, c'est l'envie de croire qui résiste. 
Même en milieu hostile, c'est la victoire qui existe. 
C’est cinq potes un peu perdus qui tentent de battre encore des ailes. 
C’est retrouver le goût de la sueur entre deux barres parallèles. 
Un espoir adapté, c’est de l’espoir bousculé. 
Parce qu'on est dos au mur, il n'y a plus de place pour reculer. 
Comme un instinct de survie, on pense encore à avancer. 
À la fin de quelque chose, il y a un bien un truc à commencer. 
Après avoir nagé au cœur des points d’interrogation, 
on va sortir de la torpeur -certains diront reconversion. 
Là-bas, au bout des couloirs, il y aura de la lumière à capter. 
On va tenter d’aller la voir avec un espoir adapté. 

I have been trying to let it go, 
been trying to free my soul. 
But all the friends that I have lost. 
And all the scars that I have left. 
My body embodies all my sorrows. 
My bones mirror my own morals. 
Now, I don’t need nothing more than to feel my heart pounding. 
I’ll hold on to this second chance I’ll breathe it.

Retrouver un espoir, sans oublier ceux qui saignent. 
Car dans cette quête, on n'est pas tous logés à la même enseigne. 
Moi, j'ai eu ma deuxième chance et même si je peux la rendre belle, 
je pense souvent à la tristesse du dernier sourire de Noël. 
Un espoir adapté, c’est faire le deuil de tous les autres. 
Sourire encore, ne serait-ce qu’en hommage à tous les nôtres... 
Ceux qui étaient là, qui m’ont porté au propre comme au figuré. 
Ceux qui ont adapté leur vie pour rendre la mienne moins compliquée.

Can you hear me? 
I am awake. 
Can you see all the fights that I’ve been through? 
My eyes don’t lie:
I’ll reach the light 
and hope will guide me.»


Grand Corps Malade et Anna Kova























(1) Grand Corps Malade et Idir Mehdi, Patients, Mandarin Production-Kallouche Cinema-Gaumont-Marc De Lacharrière F., 2017.
(2) Grand Corps Malade et Kova Anna (texte) + Foley Angelo (musique), Espoir adapté, in album du film Patients, Anouche Productions/Caroline International, 2017. 


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