vendredi 4 février 2011

Commerce équitable. La grande vadrouille.

Le commerce équitable se pose
en solution de rechange
aux échanges commerciaux inégaux.
Alternative?
Oui.
Mais alternative hétérogène,

sinon confuse.
Car la multiplication des règles et des labels ne va pas sans difficulté.
Pire: elle tend à enrayer la dynamique du mouvement.
Y a plus d’hélice, hélas!
C’est là qu’est l’os…
(1)

La définition consensuelle retenue par les quatre principales organisations du commerce équitable (2) fait la part belle aux impératifs moraux de justice et de solidarité.
Mais elle n’empêche pas la subsistance de nombreuses divergences portant sur l’interprétation de ces règles générales et sur le contrôle des droits économiques associés aux labels concernés.
D’où la création de nouvelles règles ayant vocation à encadrer les systèmes de production et les échanges.
Des règles multiples.
Portant par exemple sur le paiement d’un prix équitable.
Sur le soutien financier, technique et organisationnel aux producteurs.
Sur l’engagement à long terme.
Ou alors sur la transparence.
Autant de règles cristallisées dans des codes de conduite et dans des labels privés.
Que mettent au point différentes organisations.
D’où la multiplication de ces labels.
Et, par voie de conséquence, l’apparition de problèmes liés à l’institutionnalisation du commerce équitable.

«C’est TRES mauvais. Voilà!»

Le commerce équitable est donc aujourd’hui confronté au défi de son institutionnalisation.
En cause:
. l’unification des règles formelles ou non formelles qui régissent les relations entre les acteurs,
. la reconnaissance de la légitimité de ces règles.
«L’institutionnalisation de l’"innovation sociale" que représente le commerce équitable est d’autant plus délicate que les règles implicites sont interprétées et retranscrites de manière explicite à travers différents cahiers des charges, aux niveaux d’exigence variables, expliquent Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet, de l’Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines (3).
Cette confusion risque de nuire au développement de l’ensemble des filières de commerce équitable.
Car en introduisant un facteur de suspicion, elle menace le développement de la demande des consommateurs.
Au point que, bientôt peut-être, ceux-ci en arriveront à poser la question qui tue.
Celle qui remettrait en cause l’opportunité de leur propre contribution.
Celle qui contribuerait à ébranler la légitimité même du système.
Celle qui en rappellerait une autre:
«De moi vous osez vous fouteer… ?!» (4).
Et qui forcerait, le cas échéant, à y aller d'un constat accablant:
«C’est TRES mauvais. Voilà!»(5)(6)

Christophe Engels (d'après Jérôme Ballet et Aurélie Carimentrand)

(1) Réplique culte de Bourvil et Louis De Funès dans le film «La Grande Vadrouille».
(2) Voir le message du 24 janvier 2011: «Commerce équitable. L'intention qui compte...
».
(3) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5: http://www.crsdd.uqam.ca/.
(4) Réplique du général allemand dans le film «La Grande Vadrouille».
(5) Réplique du chef d'orchestre (Louis De Funès) dans le film «La Grande Vadrouille».
(6) Ce message s’inspire d’un texte disponible sur le site http://www.crsdd.uqam.ca/ de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM): Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5.

3 commentaires:

  1. En écho, en réponse à l'appel à projet relationnel, et en hommage à Edouard Glissant qui vient de décéder, voici quelques perles du Tout-Monde qui méritent bien de trouver place sur ton blog. Edouard Glissant a érigé la créolité en véritable projet relationnel.

    - La puissance d'un homme ou d'une nation ne peut se mesurer que dans sa capacité à être en relation avec les Lieux du monde, à en mobiliser les richesses et les diversités pour en constituer le meilleur du partage. La puissance vit dans l'éclat du lien dans ce qui lie, rallie, relie, relaye ces possibles, individus et mondes. (L'intraitable beauté du monde. Adresse à Barak Obama, Gallaade Edit., 2009)

    - Dans la Relation, ce qui relie est d'abord cette suite des rapports entre les différences, à la rencontre les unes des autres. (Philosophie de la relation. Poésie en étendue, Gallimard, 2009).

    (Et pour poursuivre : www.tout-monde.com)

    Jean-Marc Priels

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  2. Michel SERRES

    de l’Académie française, philosophe et homme de lettres



    « LE TEMPS DES CRISES »









    Michel Serres, de l’Académie française, occupera la tribune des Grandes Conférences Catholiques le mercredi 23 février 2011 à 20h30, au « Square Brussels » (ancien Palais des Congrès).



    Philosophe de renommée internationale, membre de l’Académie française et professeur à l’Université de Stanford, Michel Serres a choisi de développer les points essentiels de son dernier livre « Le temps des crises ». Une analyse fine et originale des évolutions de notre siècle et un message plein d’espoir sur le monde futur.





    Informations pratiques :

    Renseignements et inscriptions : Grandes Conférences Catholiques, avenue Louise 149/21 à 1050 Bruxelles – Tél. du lundi au vendredi de 9 heures à 12 heures : 02/543 70 99 ; Télécopie : 02/543 70 98 – e-mail : gcc@grandesconferences.be – Internet : www.grandesconferences.be – Tarifs : Fauteuil 25€ - Balcon 20€ - Etudiant 9€



    La conférence se tient à « Square Brussels » (ancien Palais des Congrès), rue Mont des Arts à 1000 Bruxelles, le 23 février 2011 à 20h30 précises.



    Agenda :

    Le mardi 1er mars 2011 à 20h30 au Square Brussels, Boris Cyrulnik, neurologue, psychiatre, éthologue et psychanaliste, occupera la tribune des Grandes Conférences Catholiques. Il a choisi comme thème de sa conférence : "Un merveilleux malheur : ne pas se soumettre à son passé".

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  3. Je suis du même avis... la multiplication des labels n'est pas bonne...
    Personnellement je pense qu'un référent type alter-eco (qui travaille d'ailleurs main dans la main avec le Laboratoire du commerce équitable) est la meilleure solution.
    Encore faut-il qu'il y ait une prise de conscience générale pour que ça fonctionne...

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